les pixies

« ‘cause I’m a ride or die, whether you fail or fly. »

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Le après-toi est arrivé vite. Est arrivé comme une claque dans face.

Le après-toi a fait du bien, du moins, tomber amoureuse du bleu de son au-complet. Bleu, couleur de l’immensité. De la contemplation. La paix, le rêve. Bleu c’est le ciel d’été, le ciel la nuit. L’océan qui aurait pu nous séparer mais que non on s’est trouvés, quelle fucking chance.

Blue jeans, white shirt

Le printemps a été beau comme ça faisait longtemps qu’il l’avait pas été. Date après date. Rencontre après rencontre. Carrie Bradshaw en plein cœur de Montréal, avec un peu moins de chaussures.

Plusieurs dates plus belles que celle-là, mais avec moins d’impact.

« Je sens qu’on est au début de quelque chose d’inédit. »

Mai. Première date avec lui, tu l’aurais sûrement trouvé un peu fendant, pédant même. Moi j’aimais ça. Notre premier rendez-vous, cidre sur couverte, lui sur son skateboard moi dans mes Juju. Lui qui arrive en gros cliché et qui les brisent tous devant moi. Ça paraissait que c’est un gars du south shore. Les gars de Montréal étaient pas faits pour moi, je devais retourner aux sources. À mon enfance, en le regardant j’avais l’impression qu’il avait toujours fait partie de mes souvenirs. Les clopes, la musique emo, Ramdam. Sa face, quelque chose de trop familier. Comment il disait les mots, sa façon de bouger pis d’être gêné. Quelque chose de pas Montréal là-dedans, quelque chose qui faisait bouillir mon dedans à moi. Pas être capables d’arrêter de se regarder. Se jauger. Attendre le plus longtemps possible avant le premier rapprochement. Marcher pendant des heures pour se retrouver devant chez moi, passer la nuit à écouter de la musique, finalement s’étendre, s’éteindre, enfin s’embrasser. Les guirlandes de lumières en background emmitouflés dans les couvertes lui qui fait les premiers pas moi qui les aie cherchés en esti. On fait même pas l’amour ce soir-là, mais il passe la nuitte. L’avoir vu partir le lendemain matin avec son skate dans les mains aurait dû me sonner une cloche,

il était un cliché finalement.

J’avais attendu qu’il soit pu dans mon champ de vision du balcon pour enfiler quick quick des vêtements, dévaler les marches, monter mon vélo : direction les copines. Leur parler de lui. Raconter la date. Être gossante. Capoter. J’ai pensé à lui un peu trop souvent les semaines suivantes, son odeur encore dans mon lit, notre musique dans l’historique YouTube de mon ordi, toute pour pas trop décrocher. Regarder son butch traîner sur mon balcon, l’imaginer sans cesse la fumer. Sauf mon crush était en train de passer par-dessus quelqu’un d’autre, lui. Pas de temps pour moi. Comment pas m’être rendue compte que j’allais être son rebound? Ou c’était peut-être pas ça. Rien savoir avec lui, en fait. Si peu mystérieux, mais pourtant si secret. Le Charme des Menteurs.

Love you more than thoses bitches before

Penser à lui, mais un peu moins. Les semaines qui passent. Les mois. L’été. Pu penser à toi non plus. Me remettre de nous. Accepter que tu feras pu parti de ma vie, laisser de la place pour d’autres. Mon cœur aigri qui commence à se radoucir. Me rendre à l’évidence que je vais trouver quelqu’un un jour, que tu étais pas l’amour de ma vie finalement. Être over you et ça faisait tellement de bien. Je pouvais enfin respirer, on aurait dit. Vivre. Je découvrais une nouvelle moi, la métamorphose, sortie de ma chrysalide. Avoir peut-être juste ma petite jambe de pognée dedans encore. J’étais calme. Douce. Pleine de chaleur, une étincelle au bout d’un feu du bengale. Mes murs s’effondraient tranquillement, Halo de Beyoncé, j’avais tellement à offrir. Remember those walls I built? Baby, they’re tumbling down. Revigorée. Les murs de béton qui s’effritaient, tombaient en poussière. Des mains sur moi me faisaient pu raidir, j’arrêtais de me poser mille questions. J’arrêtais de t’attendre et de t’espérer, tu restais juste un bon souvenir pour moi.

Je commençais enfin à être bien, chez nous. Toute seule. L’appart qui sentait bon pis moi qui se trouvais assez bonne, at last. Décider que je méritais plus que mon seul mur pêche, j’ai peinturé la cuisine au grand complet. Maison de Barbie, couleurs easy-bake oven à ‘grandeur. Ça dépassait un peu de partout, mais ça me dérangeait pas. Pu grand chose me dérangeait, toute était beau. Toute prenait forme, ma carrière, mes amitiés, mes projets, moi. Juillet, j’en voulais pu de chum, j’étais bien toute seule. J’étais bien. J’étais bien jusqu’à lui. Jusqu’à lui qui était pas bien. Jusqu’à lui qui avait réussi à pas me faire penser à toi pour un bout encore.

Être tellement bien, tellement que pu jouer de game, au point que je le retexte même s’il m’a pas donné signe de vie depuis deux mois. Juste lui rappeler que moi j’existe, pour le fun.

Une semaine plus tard, m’invite à dormir chez lui.

Murs bordeaux, sa chambre de gars Ikea qui se prend pas trop la tête. La mappe du monde sur son mur, Mappemonde la toune que je mets à pause sur mon cell au pied de la porte. Mon crush en colocation, mais l’appart à nous tout seuls pour ce soir. Passer au travers ses livres de psychopop, rire. Garder nos distances comme si on savait déjà qu’on serait pas un bon mélange, qu’on allait se brûler. Aux deux extrémités du lit, bouillants. Mouillée dans l’attente d’un je-ne-sais-pas-quoi. Me rappeler ses lèvres, de quand elles étaient sur moi. Penser juste à ça. Fuck. Des heures à parler avant qu’il mette sa main sur ma cuisse. L’affection. Se rapprocher tranquillement l’un de l’autre. Déjà presque le levé du soleil. Lui dans moi. Explosions.

Revivre.

Mes mains dans son bleu. Frencher à bout de souffle, se noyer.

Des adolescents. On est back au secondaire, faut pas les parents nous entendent. S’endormir collés, me réveiller à cause de son insomnie à lui. Il avait de la misère à dormir, je saurai jamais pourquoi. Le regarder, me dire que je pourrais continuer à le regarder comme ça vraiment longtemps. Me dégêner pour le flatter, faire ça comme si je le faisais depuis toujours. Notre tradition Ramdam, clopes et flattage de cheveux à 5am. Il colle sa tête contre moi, le front contre mon chest, en éclosion. Il était encore au stade de la chenille, lui, recroquevillé en demi-lune, ses jambes en puzzle avec mes jambes. Flatter ses bras, son cou, son dos, son au complet muté au miens. Sa bouche en baisers papillons sur mes clavicules. Qui descendent. Des heures entre chaque coups de langue, jusqu’à mon nombril. Remarquer à quel point je respire fort. Haleter. J’ai mal à mon corps qui attendait juste d’avoir plus. J’étais déjà impatiente, c’était pas bon signe. Vivre le moment présent, oui, vivre ses lèvres sous mon nombril. L’intérieur de mes cuisses. Me dire que je le laisserais ben me faire ce qu’il veut quand il veut. Que la terre pourrait imploser, je m’en crisserais.

Repartir sur mon vélo le lendemain post-café. Pas de becs pas de câlins. Deux mains mal à l’aise qui s’agitent sans savoir si elles vont se retoucher un jour. Si elles vont s’enlacer à nouveau. Se flatter les phalanges, se goûter les paumes. Si les doigts vont descendre le long de l’autre, mon index dans sa bouche, luisant, peut-être pu jamais.

Trois semaines. Trois semaines dans mon appartement à pas penser à lui. À me dire que je le retexterai pas cette fois-ci. Pu jamais avant un bout. Pas vouloir lui courir après, accepter d’avoir vécu deux belles soirées et que ce soit ça. Voir les amis. Les copines. Les amants. Passer le temps. Gallo. Écrire. Regarder dehors, grande fenêtre pour moi toute seule. Les chats en position Born to die quand je suis assise solo à la table de la cuisine. J’ai besoin de personne.

Un soir chaud, le ciel mer-nocture, bleu-joyau. Je marchais dans le parc les écouteurs trop fort dans mes oreilles pour l’entendre crier mon nom.

« Je sais que ce serait plus poli de prévoir ça d’avance, mais j’ai comme vraiment envie de pogner mon petit skate et de te rejoindre chez vous. »

Troisième date sur une carte oubliée, faux prétexte pour venir squatter mon lit. Squatter mon cœur, ma tête, mon appart, ma vie. Me squatter moi, comme si j’étais un gros divan, canapé, causeuse, sofa. S’asseoir sur moi, m’écraser. M’étouffer. Il m’aimait seulement quand je suffoquais.

Tomber. S’aimer. Fort. Plus rien autour. Cocon. Retour à l’œuf, on veut comme toute recommencer ensemble. Devenir le même grand criss de papillon. Je savais pas encore que c’était nocif qu’il veuille le même pattern que moi sur ses ailes.

You fit me better than my favorite sweater

Août. Ma fête passée, une année de plus à mon attirail, une année de moins à mon destin. L’automne qui approchait un peu trop vite, tout le monde en était content. Faisait chaud pareil. Petite laine par-dessus petite camisole, petites shorts. Jupes courtes. Sueur. Mais petite laine pareil. J’aurais dû plus en profiter.


Changer la musique de ma sonnerie pour savoir quand c’est lui qui m’texte.

« je veux dormir chez toi tu me fends les jambes en huit tu me fracasses le cœur en douze j’veux voir ton air bête j’veux bruncher toi moi congé j’ai envie de toi, fuck je rentre pas tard j’aime toute de toi ton nom ton âme ton corps j’aimerais ta peau bouillante sur moi j’ai fucking hâte de ride or die avec toi »

Septembre ou Vivre dans l’attente de ses messages; je me trouvais chanceuse qu’enfin ils arrivent souvent. Pas besoin de se faire languir, se voir à des intervalles de plus en plus fréquents. Se fréquenter. Les écarts de jours qui rapetissent, vite trois soirs de suite chez moi. Is this love.

Me dire enfin quelqu’un qui va s’occuper de moi. On dirait ça parait dans sa face. Il a l’air heureux, celui-là. Bien. Sain. Il a l’air toute là. Il a l’air d’être capable de me balancer, de m’encaisser, un bon fit. Feu et Terre, feu de camp. Enfin quelqu’un avec qui je vais pouvoir m’ouvrir, qui va me consoler. Je me disais que j’avais ben beau avoir un journal intime, ça serait hot pouvoir partager mes états d’âmes à quelqu’un d’intéressé. Je me dis qu’à lui je serais capable de tout dire. Que je vais être vulnérable, pour une fois. Qu’on va pas la gâcher cette relation-là, que ça va marcher. Me mettre sur la table, me promettre de rester honnête. D’être moi. D’être moi au complet pour lui. Enfin, je devrai pu jouer à la maman. Que le plus proche qu’on ira de là c’est quand je vais l’appeler Daddy. Mon crush qui me trouve drôle, lui et moi qui avons les mêmes goûts. Crush est positif. Chiale jamais. Souris. Gros sourire colgate constant dans la face, comme s’il le savait que j’avais besoin de ça. Se fréquenter fort. S’apprivoiser. Faire confiance. Petit à petit. Rencontrer les amis. Dater. Bars. Fêtes. Cinéma. Classiques. Rencontrer la famille, l’aimer. Se dire que tout va bien, tout va assez bien pour se dire les trois mots. Les trois mots qu’on devrait dire plus, qu’on dit jamais assez. Qu’on regrette de dire parfois, quand c’est pas réciproque surtout.

10 Novembre,

Je t’aime.

Je l’aime comme une criss de folle. Je l’aime de toute mon moi. Je l’aime au complet. J’aime ses défauts, ses qualités, les mots qui sortent de sa bouche, quand il gémit. Quand il rit. J’aime son sourire, ses lèvres galbées. J’aime son corps, la façon qu’il bouge, qu’il se déplace dans l’espace, dans les pièces, dans la maison, dans moi. J’aime quand il échappe des choses, qu’il brise tout à l’entour de lui, qu’il me brise moi. J’aime m’ennuyer de lui, j’aime pas vouloir qu’il s’en aille. J’aime qu’il veuille rester, qu’il a de la misère à me quitter. Qu’il me préfère à ses obligations, qu’il me frenche fort contre la porte avant de l’ouvrir pour partir. J’aime quand il s’en va. J’aime aimer quelqu’un d’autre que toi pour une fois. J’aime qu’il soit ton contraire, ton antithèse. Me dire que jamais il me fera penser à toi, me dire que j’ai enfin brisé mon pattern de gars unavailable qui s’occupent mal de moi. Qui ont besoin que je les répare, qui m’écoutent pas quand je parle. Je me dis celui-là, celui-là ça clique. Je suis fière de lui. J’ai envie de le montrer à tout le monde, j’ai envie de l’enfermer avec moi. Avec lui, je ferais de la randonnée, du camping, du jogging. Avec lui je regarderais des films que j’aime pas pis j’en garderais pareil des bons souvenirs, avec lui je partirais à l’aventure, je déménagerais de l’autre côté de la terre―

Big dreams, gangsta

Jamais rencontré quelqu’un comme ça, rien à voir avec toi. Toi tu gardais tout en dedans, ou bien t’étais vide. Lui me parlait de ses sentiments, de comment il se sent. Il avait pas peur de plonger, il avait peur de rien on dirait. Pas peur de me prendre fort, de me serrer, de me texter, de vouloir qu’on se voie deux fois de suite. De me présenter sa mère. Qu’on sorte pas du lit. Me faisait sentir bien. Tellement bien que je sentais que j’allais pouvoir lui faire confiance pour de vrai. About fucking time. J’avais pas peur de le serrer, de le voir deux fois de suite, de lui dire jtm, de chanter devant lui, de rencontrer son père.

J’aurais été son antithèse, avant, un bloc de glace. S’il était la chaleur incarnée, j’aurais été un flocon déchu. À cause de toi. À cause de toi j’avais vécu trop longtemps dans la peur de me faire décevoir, dans la peur de m’ouvrir à quelqu’un qui m’abandonnerait. Me montrer fragile. Ça me faisait peur, j’avais peur qu’on abuse de moi. Mais là j’avais grandi. Me perdais dans son bleu. J’étais capable de lui dire ce que je pense, les mots cutes dans ma tête quand je le regardais. Je m’ouvrais tranquillement, avec juste un p’tit peu de misère. Pis il comprenait, il était patient.

Il était parfait, dans l’fond.


And I know that love is mean, and that love hurts

Il faisait froid. Décembre. Réussir enfin à sortir de la maison pour vivre un semblant de vie normale, parce qu’on voulait toujours rester dans le lit. Se forcer. On se forçait à aller chez lui de temps en temps, se forçait à se lever pour manger. Aller chercher notre café du coin chaque matin, devenir des habitués. Commencer quelque chose de gros ensemble, le monde savait on est qui.

Red Flag N.1

Crush qui m’invite dans un bar pour que je rencontre son ami. Ami d’enfance, ami important. Rouge à lèvres, robe sous grand manteau, tous ensemble en route, mon océan, je le reconnaissais pas tant tout d’un coup. Pas comme j’avais l’habitude de le voir, prenait de la place, pas assez d’attention, me regardait pas tant parce qu’il souhaitait que je le regarde lui. Pattern facile à déchiffrer, j’avais un sensible radar pour les gens qui se pensaient en constante présence de paparazzis. Je me disais que c’est normal, c’est normal que je le connaisse pas encore sous toutes ses coutures. C’est normal qu’il veuille m’impressionner. Je trouvais ça même cute, me disais que c’était le complexe du chanteur. Moi qui avais toujours éviter les musiciens, je me demandais si un jour j’allais arriver à me passer de lui. Arrivés à destination, bar musique brou-ha-ha. On s’assit au comptoir. Il était déjà agité.

Son ami qui dit : « Qu’est-ce t’as envie de boire? Je te le paye. »

J’avais demandé un drink sucré. Genre vodka jus d’orange ou quelque chose de même. Était finie depuis longtemps ma passe de boire des bières dégueulasses pour avoir l’air nice.

« Nonon, a va juste prendre une bière, » crush dit ça mal à l’aise à la barmaid, en lui faisant un sourire.

Je comprenais pas.

« Nonon, j’aime pas ça la bière. J’aime ça les affaires sucrées. »

Mon amoureux qui me dit que j’ai pas d’allure de demander des affaires compliquées de même, la barmaid est pas à mon service ça y tentera pas de me faire un p’tit cocktail fancy voyons donc. Ok. Prendre mon trou, petite marmotte pas dans son environnement pentoute, ses amis, son bar. Je voulais pas gâcher la soirée. Boire ma criss de bière. Goût de bile, avaler. Il part dehors fumer. Sans arrêt. Clope après clope, prenait son manteau le laissait là reprenait son manteau. Me laissais seule avec son ami. J’étais gênée, me demandais pourquoi il était pas là. Moi aussi j’aurais pris une clope. Me sentais comme son manteau. J’ai échappé ma sacoche. Dégât, maquillage partout mes cartes éparpillées. Tout ramasser, gorgée de bière, small talk avec son ami. Une main momentanément dans mon dos, puis le bleu repart. Me fait sursauter pendant que moi je me demandais s’il était correct. S’il avait pas envie d’être avec moi finalement. Si j’avais fait quelque chose de pas correct. S’il me trouvait pas de son goût. Si si si. Parler avec son ami, ça faisait du bien pareil, savoir que je m’entendais bien avec au moins. L’océan est revenu s’asseoir à côté de moi et pas longtemps après voulait partir, m’avait dit que je pouvais rester si je voulais mais que ça lui tentait pu d’être là. On est rentrés. Son ami tout seul qui attendait un uber dernière minute. Il avait l’air habitué.

Crise. Baboune. Arrogant.

Première fois que je le voyais comme ça. Pis jamais l’oublier. Il était passé où donc son regard doux. Le regarder pu avoir les mêmes yeux. Mon cœur battait vite. Chicane. Je disais des mots mais il les entendait pas vraiment.

« T’avais l’air tellement contente quand tu parlais avec mon ami. Tu me voyais même pu. »

« Ben non, je pensais que t’allais être content que je m’entende bien avec. T’étais toujours parti fumer, je savais pas si je devais te suivre à chaque fois. »

« T’arrêtais pas de rire. Y te faisait rire, pis pas moi. »

« T’étais toujours dehors, tu me fais toujours rire d’habitude. »

En détresse. Mon océan plein de vagues, il était en orage. Je le consolais. J’essayais de comprendre. Oh ok. Il me le dit. L’avoue. Il était insécure. Il faisait de l’anxiété. Il avait pas voulu réagir de même, au fond. Il le pensait pas vraiment. Mais là-bas oui. Il faisait pas exprès de le penser. Il m’a expliqué, j’ai compris. J’étais triste qu’il se soit senti comme ça. Les minutes passaient, les heures peut-être. Guirlandes en background, je recommençais un peu à voir de la lumière dans ses yeux. Ses prunelles bleus. Monochrome, les larmes qui matchaient l’outfit de son anatomie. Ma couleur préférée.

« J’ai pas l’choix de t’dire par exemple que ça m’a humiliée l’affaire du drink. J’veux pu jamais que tu rectifies ma commande à ma place, ok? »

La lumière qui s’en va yet again. J’aurais pas dû dire ça. On recommence à zéro. Hautain. Pas capable de m’empêcher de froncer les sourcils, lui pas content que je lui ai dit que c’tait pas correct. Me dit que c’était moi qui avait pas d’allure, que j’étais princesse de vouloir un drink pis que c’était moi qui l’avait humilié.

Commencer à douter. À douter de moi. Je me disais, voyons j’ai toujours été capable de me commander un drink toute seule j’ai jamais eu de problème.

J’étais tu princesse dans le fond?

Décembre qui commençait avec un cri, une chicane. Maintenant que j’étais au courant de ses 99 problems, il gardait pu ça en dedans. Il me disait qu’il avait caché ce côté de lui pour pas me repousser. Ah ok. Me disait que le gars cool, drôle, souriant, plein d’énergie que j’avais rencontré c’était pas lui. Ah ok. Qu’il aimait pas ça faire le party, voir du monde. Ok, pas de troubles. Réapprendre à se connaître, crise après crise. Lui qui comprenait pas que je l’aimais pareil. Lui amoureux de moi fou fou fou. Mais que son cerveau comprenait pas que j’étais là. Concentrer à se dire qu’il était une mauvaise personne, que je l’aimais pas, au lieu de se rendre compte que j’étais en train de l’embrasser. Projeter ses insécurités sur les autres pour pas que ça paraisse qu’il se trouve pas cool. Se regardait dans le miroir plus qu’il me voyait. Il s’observait, se jugeait, s’admirait. Il se posait des questions, à en oublier les miennes. J’étais maintenant la thirdwheel du couple du lui fin pis du lui pas fin. Vraiment dur d’avoir son attention, alors me sentir tellement fucking bien quand je l’avais. Lui qui me demandait constamment la mienne, jamais satisfait. Jamais rassasié. Je suis tu beau. Je suis tu fin. Je suis tu correct. Je suis tu mince. Je suis tu drôle. Je suis tu assez.

Oui oui oui oui oui oui, je t’aime. M’en fou de tout ça, je t’aime comme t’es.

Après chaque crise on finit par trouver terrain d’entente. Le ramener à la réalité. Me ramener à notre réalité. Dire à mon amoureux que non, c’est pas vrai que tout le monde l’hait. Qu’il est pas un bad guy c’est pas vrai que je te juge arrête de m’parler d’même tu le sais les voix pas fines sont dans ta tête c’est pas moi-

Lui rappeler que je l’aimais tellement. Crier. Pleurer. Lui fâché. Lui abandonné. Moi qui le réconforte. La nouvelle routine. Crush finissait toujours par comprendre. S’excusait. On faisait du progrès je me disais. Repenser à toi tout d’un coup. Comparer. Ressasser les vieux souvenirs qui m’atteignaient pu je pensais. Je me disais qu’avec toi on avait jamais crié. Que les seuls fois qu’on pleurait c’était chacun dans nos bras. Que même si tu me regardais pas souvent, au moins c’est pas parce que tu te regardais toi. Me prendre la tête à deux mains, c’est pas vrai que je vais recommencer à penser à toi. Pas vrai pentoute.

Oublier que j’ai de la peine des fois. Oublier un peu même que j’existe. Mes bras autour de lui plus souvent qu’on se faisait à déjeuner. Mes bras autour de lui pis ça faisait du bien. Je me disais que ça faisait tellement du bien que c’était pas si grave dans l’fond si ses bras étaient pas toujours autour de moi. Si mes pleurs, des fois, il les voyait pas parce qu’il regardait ailleurs. Me disais que c’tait chill que quand on se regardait dans les yeux il remarquait pas que les miens étaient plein d’eau, qu’ils débordaient sur mes joues, bordaient mon regard flou, fuyant, hagard.

C’était. Donc. Normal.

Toxic de Britney Spears. Il en avait fait un cover, voyait pas l’ironie.

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